Rencontre avec Frédéric Benmussa, le fondateur d’Antigone Project et Frédéric Monaco, le batteur du groupe
Propos recueillis par Sébastien MOUTON pour RockThisWeb à la boutique Big Smile Bazaar (Records Shop), 6 rue Ponceau – 75002 Paris.
RTW : Vous avez joué dernièrement dans le cadre du festival Play Me I’m Yours. Pouvez-vous nous dire comment vous avez réussi à participer à cet événement ?
Frédéric Benmussa : Pour Play Me I’m Yours, c’est grâce à Yamani Dazi, le directeur de Salma Music. Nous y avons déjà participé l’année dernière en jouant sur le toit de la Cité de la Mode, et cette année, nous avons joué à La Villette, où Emily Loizeau faisait aussi partie de la programmation. J’en profite pour signaler que nous serons présents au festival Garorock et aux Francofolies de La Rochelle en juillet (Off Pression Live).
RTW : À présent, parlez-nous de la genèse du groupe. Comment l’aventure Antigone Project a-t-elle commencé ?
Frédéric Benmussa : J’ai commencé la musique à l’âge de 6 ans. Mon premier choc musical fut The Beatles. Puis j’ai commencé à écrire des chansons dans mon coin. Je faisais mes enregistrements chez moi et il me fallait des musiciens pour les présenter sur scène. J’ai rencontré Frédéric Monaco en 2004 par l’intermédiaire de Yamani Dazi, qui était alors directeur artistique chez V2 et dirigeant du label Big Cheese Records. Frédéric évoluait entre le groupe Mickey 3D et le groupe SWAAT. En 2006, Manu Ventre, également membre de Mickey 3D, nous a rejoints.
C’est à cette période que nous avons commencé à jouer ensemble. Nous avons eu la chance, à nos débuts, de jouer à la Flèche d’Or en 2006 et de participer à de nombreux festivals, notamment à Barcelone. Nous avons joué au Razzmatazz, un lieu mythique où Frank Zappa s’est produit. Nous avons également joué à plusieurs reprises au Bataclan. Le Bus Palladium nous a souvent accueillis ; on s’y sent un peu comme chez nous. Il faut signaler que le Bus Palladium reste aujourd’hui l’une des rares salles indépendantes à Paris.
Frédéric Monaco : Nous avons aussi joué à Casablanca, au Maroc, dans le cadre du festival Casa Motards. La scène était installée sur la plage. Au départ, il n’y avait pas beaucoup de monde, mais attirés par la musique, les gens qui étaient derrière les grilles entourant l’espace ont commencé à nous écouter et à se rapprocher. Nous pensions être en décalage, car ce festival accueillait principalement des artistes traditionnels, mais au final, le public a adoré. Ce fut une expérience unique dont nous gardons un excellent souvenir.
RTW : Pourquoi Antigone Project ? D’où vient ce nom ?
Frédéric Benmussa : Antigone fait référence à l’héroïne grecque, principalement connue grâce aux tragédies de Sophocle. Comme beaucoup, j’ai lu les classiques étant enfant, et Antigone m’a marqué. J’ai été fasciné par son caractère : ce n’était pas forcément la plus jolie, mais elle se battait contre sa famille. Une véritable muse. Pour moi, c’est la première féministe.
Au début, le groupe s’appelait simplement Antigone, puis Antigone 2.0. Mais cela laissait entendre une suite avec un 3.0, alors nous avons décidé d’ajouter Project, pour une ouverture plus large.
RTW : Comment vous organisez-vous au sein du groupe pour la composition des morceaux ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Frédéric Benmussa : À l’origine, Antigone Project a commencé avec moi. Je faisais de la musique dans mon coin, puis j’ai commencé à travailler avec des musiciens. C’est moi qui compose les morceaux à la base. Frédéric apporte parfois des parties de batterie, que nous intégrons à certains titres.
Mes sources d’inspiration ne sont pas forcément les plus joyeuses, elles sont même assez sombres, mais pas dans le sens dépressif du terme. Nos textes ne sont pas plaintifs.
RTW : Antigone Project, c’est aussi une image forte, notamment depuis la sortie de votre premier EP. Quelle est l’histoire de cette pochette ? Qui en est l’auteur ?
Frédéric Benmussa : À l’origine, l’image vient d’un polaroid d’une femme prénommée Hélène, qui avait été l’une de mes profs. Nous nous sommes retrouvés à Vancouver. La pochette a été retravaillée par l’un de ses amis, Axl Owlman, qui est graphiste. J’ai supervisé le projet. Nous avons cherché à lui donner un aspect vieilli et avons ajouté un bras bionique pour une touche de modernité.
RTW : Le code caché sur la pochette de votre dernier vinyle a intrigué plus d’un. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Frédéric Benmussa : C’est un code binaire qui signifie First. L’idée est de créer une série parallèle à nos sorties traditionnelles, avec éventuellement des couleurs différentes.
RTW : Vous avez lancé un projet de crowdfunding pour financer la sortie de ce vinyle, sorti le 26 octobre dernier. Les fonds ont été récoltés en seulement 20 jours. Vous attendiez-vous à un tel engouement ?
Frédéric Benmussa : Nous avons réussi à réunir rapidement la somme nécessaire grâce à des donateurs, notamment familiaux. Le montant correspondait exactement au budget nécessaire au pressage du disque.
RTW : Pourquoi un tirage en édition limitée ?
Frédéric Benmussa : Pour en faire un objet collector. Nous en avons produit 500 exemplaires, dont quelques-uns sont encore disponibles. Cinquante exemplaires sont distribués par Season Of Mist.
RTW : Quelle a été la réaction du public et des médias ?
Frédéric Benmussa : Nous avons reçu de nombreuses critiques positives à travers l’Europe : en Allemagne, en Belgique, au Royaume-Uni… Les Anglais ont particulièrement apprécié notre travail, ce qui nous a fait plaisir, car ils sont réputés pour être exigeants. RTL2 Aquitaine a diffusé l’un de nos titres en tant que découverte. Les exemplaires que nous avions mis en vente à la Fnac sont partis rapidement. Nous sommes également diffusés sur plusieurs webradios et avons été chroniqués par The RingMaster Review, un site anglais spécialisé dans la musique indépendante.
RTW : Votre musique a un côté très cinématographique. Était-ce une intention dès le départ ?
Frédéric Benmussa : Tout à fait. Nous voulons que notre musique crée une ambiance et permette à l’auditeur d’imaginer ses propres images, avec une portée cinématographique.
RTW : Quand sortira votre prochain album ?
Frédéric Benmussa : Nous travaillons sur un opéra rock spatial, The Odyssey of the Captain GO19, avec deux versions : une version longue (Long Way), où le Captain GO19 raconte ses observations à sa femme, et une version courte (Short Way), contenant uniquement les chansons. Aucune maison de disques en France ne signera un tel projet, c’est pourquoi nous restons indépendants.
RTW : Un mot pour les lecteurs de RockThisWeb ?
Frédéric Benmussa : « Le tout est différent de la somme des parties. »
Frédéric Monaco : « Prenez le temps d’écouter la musique. »
Interview réalisée par Sébastien Mouton.
Retrouvez leur dernier vinyle From Its Room :
– Fnac, Amazon, MVD, Season Of Mist
– Ou en vous rendant à la boutique Big Smile Bazaar, (Records Shop), 6 rue Ponceau – 75002 Paris (Métro Réaumur – Sébastopol)
au Maquis Megastore : 187 rue Saint Denis 75002 Paris
– En concert : Le vinyle « blanc, édition limitée numérotée avec un poster » + EP : à 15,00 €
La version digitale du vinyle est à 1.99€ sur itunes et le cd à 3.99€
Antigone Project en live à Paris : concert complet au Bus Palladium
La page Soundcloud d’Antigone Project : https://soundcloud.com/antigoneproject_private