Qui est Poppy ?
Poppy est une artiste très singulière et polymorphe, aimant mélanger les genres. Si elle a aujourd’hui une reconnaissance grandissante de ses pairs dans le milieu metal et qu’elle est à l’affiche de grands festivals tels que le HellFest, ses débuts en étaient très éloignés. Revenons ensemble sur un parcours aussi atypique que l’artiste elle-même.
I am Poppy
J’ai entendu parler de Poppy pour la première fois dans l’émission 56Kast N°86 diffusée sur la défunte chaîne NoLife. Dans cette émission du 2 novembre 2016, Camille Gévaudan, accompagnée d’Erwan Cario, y parlait des « youtubeuses creepy ». L’épisode étant disponible sur YouTube, je vous laisse le découvrir ci-dessous. (Si vous ne voulez pasregarder toute l’émission, la section concernant Poppy se trouve vers 32 minutes).
Pour remettre les choses dans leur contexte et comme l’expliquait Camille, à cette époque, Poppy était une Youtubeuse mystérieuse qui publiait des contenus très cryptiques, suscitant beaucoup d’interrogations. Les vidéos étaient filmées dans un décor très épuré et Poppy semblait être une sorte d’androïde sans émotion qui répétait des phrases telles que « I am Poppy« et posait des questions étranges. A cette époque on commençait à comprendre que ceci était visiblement lié à un projet musical mais aucun album n’était encore sorti.
3:36 (Music to Sleep To)
En 2016, sort un album intitulé 3:36 (Music to Sleep To). Celui-ci peut cependant être vu comme une petite parenthèse avant le lancement du véritable projet musical. En effet, ce projet expérimental est composé de nappes sonores atmosphériques, et, comme son nom l’indique, il est conçu pour aider son auditeur à dormir. La voix de Poppy semble par ailleurs être totalement absente des enregistrements.
Il aurait été créé en collaboration avec un certain neuroscientifique nommé Dr Maxwell Ramsay, mais mes recherches ne m’ont pas permis de trouver la moindre information sur cette personne, ce qui me laisse de gros doutes sur le sérieux et/ou l’existence même de ce prétendu scientifique. Mon avis personnel est qu’il s’agit d’un personnage fictif, inventé par le producteur pour donner un semblant de crédibilité au projet. Mais nous reviendrons sur le producteur un peu plus loin.
Poppy.Computer et Am I a Girl?
En 2017, le véritable projet musical de Poppy démarre avec Poppy.Computer, un album mélangeant pop et musique électronique aux sonorités expérimentales. L’ambiance est légère, enfantine et futuriste, à l’image des vidéos YouTube de Poppy. La chanteuse reste dans son rôle de poupée robot dépourvue d’émotion aussi bien sur l’album que dans ses clips et lors des interviews.
Am I a Girl?, l’album suivant, arrive en 2018. Bien que contenant encore des morceaux pop et électro, il amorce déjà une transition vers des sonorités plus rock et metal.
L’affaire Mars Argo : révélations gênantes sur le producteur derrière le projet Poppy
Si le fait que le projet Poppy avait été initié par le producteur Titanic Sinclair n’était pas un secret, certaines révélations en 2018 vont venir entacher sa réputation. Cette année-là, une artiste nommée Mars Argo porte plainte contre lui et dévoile un point gênant : Poppy ne serait pas une création originale !
Quelques années auparavant, Titanic Sinclair avait déjà créé un personnage similaire avec Mars Argo. Mais leurs relations s’étant rapidement détériorées, leur collaboration a pris fin. Mars Argo l’accuse alors d’avoir volé des éléments de leur travail pour les réutiliser dans le projet Poppy et aussi de l’avoir manipulée, contrôlée et harcelée.
Une comparaison entre les vidéos de Mars Argo et celles de Poppy sorties plus tard ne laisse que peu de place au doute. D’autre part, certaines vidéos de Poppy, qui prises hors contexte semblaient juste étranges, ressemblent à des messages d’intimidation adressés à Mars Argo lorsqu’on connaît cette affaire. Rien, en revanche, ne permet d’affirmer que Poppy en avait conscience à l’époque, étant donné qu’elle suivait de près les directives de Titanic Sinclair.
En 2019, Poppy coupe les ponts avec Titanic Sinclair et dénonce son comportement toxique, ce qui vient confirmer les accusations de Mars Argo.
L’émancipation artistique de Poppy
Avec I Disagree (2020), Poppy s’affirme pleinement en tant qu’artiste et se détache définitivement de son image de produit formaté. Cet album marque un tournant important, non seulement par son message d’indépendance, mais aussi par son mélange explosif de genres. On y retrouve des influences metal, industrielles et électroniques, mêlées à des mélodies pop accrocheuses et des moments plus expérimentaux.
La chanson-titre, I Disagree, illustre parfaitement cette transition avec des passages hargneux et saturés, suivis de refrains aériens et enjoués. Les paroles semblent directement adressées à Titanic Sinclair, dénonçant une relation oppressive et une volonté de reprendre le contrôle de son art :
I disagree with the way you continue to pressure me
I disagree with the way you are failing to pleasure me
I disagree, everything you believe is a tragedy
I disagree with the way you keep preaching insanity
Soit en français :
Je ne suis pas d’accord avec la façon dont tu continues à me mettre la pression
Je ne suis pas d’accord avec la façon dont tu échoues à me satisfaire
Je ne suis pas d’accord, tout ce en quoi tu crois est une tragédie
Je ne suis pas d’accord avec la façon dont tu prêches sans cesse la folie
Si I Disagree est une belle réussite et lui ouvre les portes du public metal, son style va encore évoluer et s’affiner dans les albums suivants.
Avec Flux (2021), Poppy s’éloigne du metalcore et de l’expérimentation extrême de I Disagree pour proposer un son plus rock alternatif, lorgnant vers le grunge et le punk. L’album est plus homogène, avec une production plus organique et une approche plus mélodique.
Puis, en 2023, Zig marque un retour à une esthétique plus agressive, tout en explorant des textures industrielles et électroniques plus poussées. Ce projet la rapproche davantage d’un son cybernétique et chaotique, flirtant avec l’hyperpop, un sous-genre de la pop qui amplifie volontairement ses éléments les plus artificiels : voix hautement modifiées, distorsions numériques, rythmiques déconstruites et expérimentations sonores extrêmes.
Un style unique et hybride
Difficile d’étiqueter précisément Poppy tant elle fusionne les influences. Son style évolue entre plusieurs courants :
– Metal alternatif / Metal industriel : On retrouve dans ses morceaux des sonorités mécaniques et abrasives, avec des riffs lourds et une production froide et clinique.
– Rock alternatif / Grunge / Punk : Flux montre son attrait pour des sons plus bruts et moins produits, avec une énergie plus directe et viscérale.
– Hyperpop et expérimentation électronique : Certains morceaux, notamment dans Zig, adoptent une approche plus déconstruite, avec des glitchs, des textures numériques et une exagération volontaire des codes de la pop moderne.
C’est cette hybridation qui fait de Poppy une artiste à part, capable de séduire autant les fans de musique extrême que ceux attirés par l’expérimentation pop.
Poppy : l’artiste pop devenue sensation du metal
Si les métalleux dans la vie, sont bien éloignés de l’image qu’ils peuvent renvoyer, il faut tout de même admettre qu’ils sont souvent réfractaires aux musiques plus populaires. Poppy est pourtant parvenue à se faire une place dans le milieu et joue aujourd’hui sur scène dans des festival metal. Il faut dire que l’artiste est capable de passer d’une petite voix fluette à des screams qui n’ont rien à envier aux cadors du genre !
Pour finir et comme complément, voici la deuxième partie de la vidéo présentée un peu plus haut concernant l’affaire Mars Argo. Cette deuxième partie ne concerne plus l’affaire mais se concentre cette fois sur l’artiste Poppy :
Le site officiel de Poppy : https://impoppy.com/
Boutique :
Negative Spaces
(2024)

Zig
(2023)

Flux
(2021)

I Disagree
(2020)

I DIsagree (More)
(2020)
